jeudi 11 décembre 2008

2 jours de grève à l hôpital

justice2 Ce matin, le père d' un patient apporte son fils pour un soin. Avant de recevoir le soin il doit s' acquitter du montant et dispose d' un énorme billet.
L' infirmière indique à cette personne de patienter le temps qu' elle trouve la monnaie avant d' effectuer le soin.  La personne s' impatiente, s' énerve, agresse verbalement l'infirmière et on doit même l'écarter pour lui éviter des coups. Mais... il s'avère que le patient est en fait le maire de la ville.

Celui-ci, qui a pourtant commencé à insulter notre infirmière, se sent blessé dans son amour propre et décide d'envoyer la brigade pour l' arrêter.

C'est ainsi qu'elle se retrouve en prison pour avoir répondu à des insultes du maire (évidemment, elle ne savait pas qu'il s'agissait du maire).

A ce moment, les soeurs sont intervenues pour empêcher l'arrestation. En découle une réaction en chaîne en à peine une après-midi: réunion des chefs de villages, des chefs de cantons, chefs de race/de tribu (l'infirmière n'étant pas de la même ethnie que le maire...), du délégué sanitaire régional, de l'évêque, du ministre de la santé... le tout avec des menaces dans tous les sens: "l'hopital va être fermé", aux soeurs - "vous pouvez faire vos valises...", la liste des infirmiers qui vont être "balayés" est longue...

Autant dire que nous avons passé une mauvaise nuit: si les soeurs sont expulsées, nous aussi... Si on ferme l'hopital, pupuce n'a plus de boulot...

Malgré tout ce remue-ménage, notre infirmière, première victime de cet abus de pouvoir, est toujours au cachot. Nous décidons de faire grève à l'hopital tant qu'elle ne sera pas libérée. C'est ainsi que l'hopital est resté fermé 2 jours... Nous avons juste soigné les patients hospitalisés. Pas de consultations, pas de nouveaux cas.

Nous nous sommes rendu compte avec cette événement de l'abus de pouvoir, de l'absence de droit de l'homme, aucun droit du prisonnier, de la vitesse à la quelle ça "flambe" ici au Tchad. Effrayant... le surréalisme le plus total!

Finalement les autorités de N'djamena ont fait pression sur le maire pour que tout rentre dans l'ordre au plus vite car cette affaire avait été déjà beaucoup trop loin. Notre infirmière a pu être libérée le lendemain matin et nous avons repris le service à l'hopital. Si l'évêché ne l'avait pas soutenue et sortie de cette sale affaire, elle y serait toujours...

Ce fût un étrange sentiment d'imaginer de devoir partir. A la fois on se rend compte que l'on commence à se sentir chez nous et on ne veut pas partir et à la fois, on peut partir du jour au lendemain en laissant tout là.

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